BOUILLON BLANC
Verbascum thapsus
Famille des Scrofulariacées
NOMS COMMUNS :
Molène, Herbe de St Fiacre, Cierge de Notre-Dame, Bonhomme, Oreille de loup, blanc de mai
CONSTITUANTS PRINCIPAUX : Un mucilage, des sels minéraux, un saponicide, un pigment
PARTIES UTILISÉES :
Les feuilles et les fleurs
DESCRIPTION :
Le bouillon blanc est une plante bisannuelle à racine pivotante, fibreuse et blanchâtre. Sa tige très haute, de 1 à 2 mètres, est droite, effilée, simple, très cotonneuse, elle porte des feuilles grandes, ovales, crénelées, cotonneuses, vert blanchâtre. Les fleurs, grandes, jaunes, sont groupées en un long épi terminal très serré. Elles sont visibles de juin à septembre.
CULTURE ET RÉCOLTE :
Le bouillon blanc est très répandu dans toute l’Europe. Pour sa culture, choisissez une terre légère et bien travaillée. Semez en pleine terre ou sous châssis, à l’automne. Dès le printemps, repiquez les plants à 60 cm les uns des autres. Récoltez les feuilles juste avant la floraison, les fleurs à leur compet épanouissement. Les unes comme les autres sont très délicates à sécher, prenez soin de les mettre dans des endroits secs et aérés en les retournant très souvent.
PROPRIÉTÉS :
- Adoucissant
- Emollient
- Antispasmodique
- Sudorifique
Le bouillon-blanc est émollient, sédatif, pectoral. On l’emploie avec succès dans les irritations de l’appareil digestif et des voies respiratoires.
INDICATIONS :
- Toux
- Bronchite
- Asthme
- Inlammations de l’estomac, de l’intestin
- Hémorroïdes
- Coups de soleil
Mode d’emploi :
• Usage pectoral
L’infusion des fleurs (voir plus bas le N.B.), à la dose de 1 cuillerée à soupe par tasse d’eau bouillante, est utile dans les affections tracbéobroncbiques : toux, catarrhes aigus et chroniques, asthme des vieillards. Le mélange suivant (tisane des quatre fleurs) :
fleurs de bouillon-blanc: 30 g fleurs de coquelicot: 20 g fleurs de mauve: 10 g
fleurs de tussilage : 20 g
sera donné aux enfants dans toutes les affections légères de la poitrine, à la dose d’une cuillerée à soupe pour une tasse, sucré au miel ou au sirop de réglisse. Il calme la toux, facilite l’expectoration et favorise le sommeil.
• Usage émollient
Voies digestives et urinaires : le bouillon-blanc est indiqué dans l’entérite, les diarrhées douloureuses dont il calme l’inflammation et les spasmes. On lui adjoindra des astringents: la salicaire (entérite des nourrissons), le solidage verge d’or (entérite des enfants), la tormentille et la pimprenelle (diarrhées chroniques et dysenterie). Dans la cystite aiguë, sans vraiment agir sur les causes du mal, l’infusion peut apporter un soulagement très net, surtout si on l’associe à celle de stigmates de maïs et de bruyère. N.B. : L’infusion de fleurs de bouillon-blanc doit être soigneusement filtrée (dans un linge fin, par exemple) avant d’être absorbée car les fleurs et les étamines abandonnent dans le liquide une multitude de poils qui peuvent irriter très désagréablement la gorge au passage, effet qui serait bien contraire aux propriétés adoucissantes de la plante !
• Usage externe
La décoction des fleurs s’administre en lavements dans les coliques intestinales. Les feuilles cuites dans du lait et appliquées en cataplasmes calment la douleur des hémorroïdes, des inflammations cutanées. Elles font aussi mûrir les furoncles et les panaris. Le lait où l’on fait bouillir une poignée de feuilles des rosettes hivernales guérit en quelques jours engelures et gerçures des mains : les y tremper un certain temps matin et soir (à employer tiède).
USAGES DIVERS
Le bouillon-blanc, et surtout l’espèce verbascum phlomoïdes, aux grandes fleurs jaune pâle, est une belle plante ornementale qui mérite d’être plantée par petits groupes dans les jardins paysagers; elle peut aussi figurer dans les rocailles, en compagnie des digitales, où ses feuilles de première année feront des rosettes argentées. Il faut semer au printemps les graines récoltées à la fin de l’été dans les fruits (capsules) les plus gros et les plus mûrs, sur un terrain meuble, bien uni, bien damé et ratissé; on sème clair à la volée puis on dame à nouveau et l’on recouvre d’un léger paillis pour éviter le dérangement des graines par la pluie et les arrosages. Jusqu’au moment où les plants ont acquis une certaine robustesse, on arrose régulièrement. La mise en place se fait fin août-début septembre, dans un sol bien drainé, profond, fertile et meuble ; il faut espacer les plants d’au moins 50 cm en tous sens et ils ne demandent plus, jusqu’à la floraison, que les binages indispensables. La rosette persiste tout l’hiver et, l’été suivant, vous voyez jaillir une belle hampe couverte de fleurs dorées.
Bosc dit avec raison que le bouillon-blanc est une plante qui ne devrait pas être négligée des cultivateurs : elle est en effet souvent fort commune dans les friches et pourrait augmenter la masse des composts, récoltée avant la maturité des graines.
Les capsules mûres, broyées avec leurs graines, sont toxiques pour les poissons. Les braconniers s’en servaient (ainsi que du suc de la plante fraîche) pour pêcher en eaudormante.
On a fumé les feuilles sèches des molènes en guise de tabac.
UN PEU D’HISTOIRE :
Ses vertus sont connues de longue date. Dioscoride prescrivait ses racines dans les affections pulmonaires, Pline ses feuilles pour guérir les bronches des humains et les chevaux poussifs; sainte Hildegarde tenait la décoction de fleurs et feuilles pour un véritable spécifique de l’enrouement. Au Moyen Age, en dehors des utilisations qui sont restées courantes aujourd’hui, les médecins conseillaient le suc de bouillon-blanc pour la goutte et les hémorroïdes, cela après une curieuse préparation qui consistait à piler ensemble les feuilles et les fleurs, puis à les laisser pourrir dans une «tinette» de bois fermée hermétiquement avec du plâtre, récipient que l’on exposait au soleil ou que l’on enfouissait dans du fumier; au bout de trois mois de ce qu’on appelait une « digestion », on exprimait le suc qu’on conservait dans des flacons bien bouchés et qu’on appliquait sur les régions douloureuses. Les feuilles étaient également utilisées autrefois pour faire des mèches de lampe à huile, et l’épi floral pour chauffer le four des boulangers.
ATTENTION :
Il est indispensable de toujours passer infusion et décoction sur un linge très fin ou mieux encore du coton hydrophyle pour éliminer les poils minuscules qui recouvrent toute la plante (leurs et feuilles) et qui, sans cette précaution, irriteraient la gorge…